Portraits du mois.
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HOMMAGE, POUR UN REGAIN DE FOI
DÉCOUVERTE D’UN AUTRE SOI…
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"Les gens sont tellement beaux quand ils sourient."

UDAY – AOÛT
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Uday est une belle âme née à Mumbai, Inde. Nous connectons nos idées folles au cours d’une conversation nocturne de six heures dans le quartier des auberges à Kathmandu suivie de deux autres de plusieurs heures quelques jours plus tard. Sous les étoiles et la lune, les mots se délient, les esprits s’ouvrent… la philosophie naît.
Argent d’un business lointain mis de côté, Uday se dévoue corps et âme dans une recherche : celle de l’essence qui fait bouger les corps, qui fait vibrer les âmes, qui fait s’aimer les humains. Il remplit des cahiers, couche par écrit des états d’âme, des coïncidences bienheureuses et mystérieuses.
Souvenirs.
Spiritualité.
Savoir.
Il vit au rythme des rencontres, des signes qu’il observe selon son angle de vue, il vit avec passion toutes les aventures que nous offre une journée. Près de cinq mois après avoir écouté ses idées sans vraiment tout comprendre, mon expérience commence à leur faire prendre du sens.
C’est cette notion que tout vient à toi automatiquement quand la chose unique qui te préoccupe est d’entendre ton cœur battre et de faire profiter de ton bonheur à ceux qui veulent bien le recevoir. Que tu doives le payer ou non, tu trouves ce que tu veux au bon moment. Tout vient à point à qui sait attendre, mais qui n’attend rien des autres, à qui profite de chaque seconde comme si c’était la dernière.
De cette découverte récente, il restait lui-même ébahi et impressionné par cette nouvelle vision du vivre. Aujourd’hui, j’ai compris ce qui rendait Uday si rayonnant et j’applique le même principe au quotidien. Parfois, son enthousiasme devenait excessif alors qu’il déterrait des histoires de son passé et y trouvait une logique pour comprendre son présent (à la manière dont je l’ai fait pendant Vipassana – certaines histoires personnelles ne nous concernent pas – et c’est Joseph Sheppherd qui a écrit très justement : « moderation is important if the individual is going to get anything out of the experience »).
Il gardait une énergie débordante en présence de voyageurs à ses côtés.
Uday m’a aidé par sa personnalité extraordinaire à comprendre des clefs très importantes de la spiritualité. Je ne sais pas si ses recherches libres avancent, mais elles mèneront à un rond-point de positivité qu’il ne manquera pas de prendre.
SEPTEMBRE – GOPAL
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J’ai déjà fait une description de Gopal dans l’écrit 1.1 et je ne pourrai jamais vraiment expliquer avec des mots plus clairs ce qui m’a fasciné chez ce personnage. Une intuition face à la bienveillance, sa façon aussi personnelle, discrète et juste de donner de l’amour, c’est aussi simple que ça. Je crois qu’en le regardant et en apprenant à le connaître petit à petit, j’ai été inspirée par sa façon de regarder les autres et d’agir naturellement et humblement par amour. Que ce soit envers Babu son petit-fils, son fils, les femmes de la maison et sa mission de construction – la dalle en béton et le mur—, il avait rarement l’occasion de faire des pauses pour lui. Sa femme est là pour lui rappeler de manger (le fameux amour culinaire) dans des plats au goût organique inoubliables. Je ne peux pas savoir comment se comporte Gopal quand la porte de sa chambre se referme mais quand je vois le sourire de Gopini, je lui fais confiance. Gopal m’a aidé à être plus humble, à ne plus attendre désespérément un retour des attentions que l’on donne. Il m’a appris à fermer ma bouche, ne pas étaler ma science devant les grandes personnes qui voudraient avoir raison, ni vanter des mérites que je n’ai pas. Et cela ne signifie pas qu’il ne faut pas donner son avis.
Je voudrais inspirer et pousser les autres à agir contre leurs peurs. Je n’ai rien à comparer avec personne. Je fais mes trucs, Gopal fait les siens, et tout le monde est content.
Merci à lui…


OCTOBRE – ANIS
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Anis est mécanicien installé dans un atelier atypique tellement charmant. Le Havre de paix mentionné dans le texte 1.4. Les traits de son visage laissent apparaître un sourire naturel. Le soir parfois, avec Naren et quelques autres, on partage la liqueur de pomme de Marpha, et sans vraiment se connaître, on est sincèrement content d’être tous ensemble. Impossible de communiquer avec des mots, mon népalais et son anglais n’étant pas suffisant, pourtant, bienveillance et reconnaissance sont là. Il passe ses journées à démonter et remonter des scooters, des motos, peut-être même des voitures ; sa capacité à résoudre les problèmes mécaniques a construit sa réputation dans le quartier. L’avoir vu faire renforce mon respect. En un tour de moteur autour des pâtés de maisons, il se met à l’ouvrage après identification plus que précise du problème en question. Une grande patience et une force paisible se dégage de ses mouvements et de son attitude. C’est un type digne de confiance sur lequel Naren peut compter et il me le dit plusieurs fois : de la bande avec qui il traine, il préfère largement passer son après-midi dans l’atelier… Avec lui et Manoj, un autre trentenaire, Naren ne sera pas seul, et même s’il reste actuellement coincé dans une situation qui ne lui plait pas forcément, je sais qu’un jour, il va lentement parvenir à ce bonheur qui trotte tant dans ses rêves. Tous.
Merci à Anis de m’avoir accepté telle que je suis, comme une sorte de membre de la troupe familiale. Il fait partie de ces gens qui ne posent pas mille questions avant de choisir de sourire.
NOVEMBRE-LUCY
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Un bout de femme qui en connaît un rayon. Devant la générosité de son partage, elle s’illumine, se transforme… et parle, beaucoup. J’admire sa culture et son savoir énorme, la franchise de ses mots, sa bienveillance et son respect pour la dignité des gens qu’elle mentionne dans ses histoires, son empathie malgré sa forte résistance aux images trash et aux histoires qu’elle a vécues et qu’elle me raconte. Ses études, l’hôpital, ses histoires de cœurs, le grand reste. Tout est passionnant, elle a une capacité d’analyse, d’observation et de jugement qui me déstabilise. J’ai remis illico en question mes mauvais préjugés envers les autres. Et, face à mes doutes parfois extrêmes, elle me sauve plus d’une fois, m’abreuvant de conseils et de rappels cartésiens positifs.
Son but dans la vie est honorable : aider la communauté, prendre soin de soi à travers la culture et l’amour charnel, en somme, soigner les autres. Elle dessine, possède un humour noir et un esprit morbide, une sorte d’exutoire hyper créatif et impressionnant qui canalise la violence de la réalité hospitalière. Lucy ne se dit pas artiste, mais si ses pieds restent sur terre, à l’avenir, sa bonté la mènera plus loin dans les nuages. C’est une femme forte et sensible que je n’oublierai pas. Je souhaite que le Mandala qu’elle a acquis pour l’amour de la culture bouddhiste, hindoue et népalaise la protège toute sa vie contre certains déboires dégueulasses du monde qui pourrait l’affecter davantage. Elle me revigore d’énergie, sa personnalité m’inspire et me donne une grande motivation pour avancer.

J’ai observé Lucy qui prend beaucoup de notes, fait des croquis et des dessins du feu de dieu, pose des questions, mille questions, demande précisions, recoupe l’information, reste dynamique dans sa quête, sourit à tout va et parle un anglais rapide pointé d’un accent rigolo. C’est une des rares personnes parmi le monde sur qui il est possible de compter dans la vraie vie.
Merci à toi Lucy pour cette belle rencontre.

DECEMBRE – ALEKSEI & SERGEI
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Ses deux-là vont ensemble. Mentionnés dans le texte sur l’Inde 2.1, la rencontre de ses âmes me procure un choc de bien-être. Ils sont l’incarnation du yoga, de la médecine douce, de la nature même. Ils comprennent, écoutent et respectent la Nature, dégagent une force tranquille, contrôlent leurs mouvements, leurs émotions. Ce sont de drôles et d’intéressants personnages. Inspirants. Partis pour une marche dans les hauteurs de Rishikesh, Aleksei demande à s’arrêter au bord du Gange à mi-chemin, sur une plage de cailloux. Moment divin, je regarde ces anges torse-nu profiter de chaque perle de soleil, du chant de la rivière sacrée, la pureté des couleurs, la douceur du vent d’hiver indien. Ils marchent lentement, vivent dans chaque seconde loin des klaxons. Parfois, Aleksei pose ses mains sur les gros arbres et ferme les yeux. Sergei garde un silence compréhensif et sourit, complice.
Je ne les connais pas en dehors de ce moment de rencontre en Inde. Ça n’est pas grave, je sais seulement à ce moment-là, j’ai profité de leur beauté intérieure.
Merci à vous, qui m’avez calmé dans cette Inde parfois étouffante. On se verra peut-être à Goa ou en Russie une prochaine fois pour un stage d’Ayurveda, no promiss…
JANVIER – RAVI
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Assis sur les marches du Ghat principal à mâchouiller son Cancer (le tabac indien en sachet, c’est le nom que je lui ai donné car il provoque le cancer de la bouche mais eux l’appellent « Indian sweet »), j’accepte la conversation avec lui car j’ai du temps. Son ton est léger et ne cherche pas directement à me prouver que c’est une bonne âme à marier… Non, après quelques minutes, nous parlons de spiritualité, de cette présence à Varanassi, des Babas, les chakras et une brochette d’histoires passionnantes. Il m’explique de nombreuses choses qu’il me tardait de comprendre peu avant de quitter le pays. Ravi a étudié une multitude impressionnante de formes de Yoga ; il a une queue de cheval, la langue déliée et l’esprit vif. Nombre de nos questions et de nos réponses se rejoignent d’une façon étonnante, rassurante. Il est sorti de l’Inde pendant de nombreuses années, a pris du recul, s’est éduqué en autodidacte, profite de sa vie et de son temps. Il dort parfois dans ces cubes de béton que l’on trouve le long des Ghats parce que c’est tard et qu’il ne veut pas réveiller ses parents en rentrant.

Nous ne sommes jamais seuls à chercher l’amour sans condition, voir le bon côté des choses, trouver des alternatives face à une réalité qui peut s’avérer difficile, agir, méditer, prier, s’inspirer de la nature à la manière de Bouddha… Préparer sa future existence. Nous sommes dans le ventre de la Terre-Mère pour le prochain monde, ou pas. Merci Ravi.

FEVRIER – FOUZIA
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Boucles fraiches encadrant un visage complice, je découvre une femme, une maman, une marraine. La force de Fouzia me frappe d’une claque résonnante. Quelle belle surprise !
Nous passons une semaine à se bidonner dans une école de massage, à jouer les modèles pour appliquer la théorie, à essayer des masques au concombre pour sa formation, à régler des papiers et à vagabonder sous le soleil accablant de Chiang Mai. Fouzia est une maman meurtrie par les épreuves difficile de la vie, affronte les jours, parfois les savoure… Problèmes de corps s’ajoutent. Mais elle est debout, belle, drôle, inspirante, merveilleusement forte. Elle garde le moral, se reconvertit, se fait tatouer, respire les fleurs du parc, achète des cadeaux pour son entourage, met ses pieds dans l’eau salée et fait preuve d’une incroyable souplesse ‘yogatesque’. Sa générosité d’amour et d’attention m’a beaucoup manqué la semaine qui a suivi son départ. Les autres personnalités de l’école m’ont parue fades et sans intérêt. J’étais dans un autre monde de nostalgie.
Merci Fouzia pour ce gommage si formidable à l’huile de coco, de concombre et de citron, pour tes histoires fortes et marquées de vie, d’amour, d’espoir et de déception. Tu n’as plus le choix de croire que dans quelques années, la balle de bonté que tu envoies reviendra dans tes bras. Merci pour ta grande reconnaissance et la force de ton amour. Un gros bisous est vite envoyé par la prière et la pensée. Et bonne réception !
MARS – NARI
Son sourire lumineux la rend si douce, ses mouvements souples et silencieux quand elle danse sur la musique des noix de coco, quand elle me pose des questions en commençant par m'appeler « Teacher ». Sœur adorable, elle a déjà vécu, entre l'histoire de son pays, sa famille et l’école. Responsable des filles, gère en même temps les repas, l’apprentissage quotidien, l’exercice physique, les révisions. Nari est si jolie, si fatigué des journées, elle sait atteindre notre cœur en quelques heures, partage ses peurs et ses souvenirs, son coussin ou sa paillasse. Derrière le comptoir de la petite boutique que les étudiants de LCDI ont ouvert, quelques sucreries et gaufrettes leur rapporte un peu de profit. Le buste de Nari y dépasse, elle mange son riz et me murmure d'une voix féminine et sucré « je suis motivée pour créer mon entreprise, peut-être vendre des vêtements si je peux ».
Ces étudiants sont extraordinaires. Ils sont cambodgiens, beaux, calmes et remplis de sagesse, portent sur leurs épaules le lourd poids de leur histoire et incarnent le renouveau d’une jeune génération de nouveaux intellectuels. Nous avons un âge similaire, des chances et opportunités différentes, et chacun d’entre nous est capable d’apprendre et d’enseigner à l’autre des connaissances, des leçons de vie et des conseils pour ouvrir les yeux et aborder les problèmes autrement. Nari est une personne rare, encore une fois, une sœur qu’il fait bon d’avoir pour sourire à la vie. Je vous souhaite d’aller dans cette école, de faire le plein de bon sens, de recul et de positivité.


AVRIL – UYEN
Si sensible, si jolie. C’est elle qui me propose de venir dans son auberge. Elle se cherche, a voyagé, pense qu’elle a trouvé une situation provisoire qui lui sied, peut-être pour moins de cinq ans qui sait. L’endroit correspond à sa personnalité. Calme, émouvant, tranquille mais en plein de forces et de couleurs douces. C’est chez elle que je retrouve la paix à l’extérieur de laquelle la Thaïlande et le Cambodge m’ont éjecté.
Nous méditons ensemble chez les nones. Elle lit beaucoup sur le bouddhisme, se repose, cherche quelque chose. Je la connais si peu au final mais sa façon de m’accueillir, de m’aider dans mon projet aléatoire, de réaliser un vœu que j’avais fait à l’aveugle, celui prendre un bus et dire merde. Passer une frontière. Courir à 4h du matin pour se rendre au monastère, sauter par-dessus le portail car il n’y a pas d’autres moyens d’entrer. Elle me dit que les gens fous sont géniaux. Je la crois. Elle aussi possède un grain de folie. De malice qui me rend complice. Nous échangeons des sourires et du rire secret dans l’enceinte du cloître, nous suivons les gestes et adoration des nones au rythme de la cloche, et du chant qui nous transporte. Je souhaite à Uyen de réaliser ses rêves. De partir loin, d’explorer le bouddhisme et en faire une force. Je l’aime. Ce genre de personne fait du bien, repose, fait sourire. Elle est belle et douce même si je ne la connais pas complètement, cela suffit pour partager des bonnes énergies.
MAI – GERARDO
Que dire de cette personne mes aïeux. Complicité intergénérationnelle, secrète, pleine de bonnes intentions, de connaissances, de recommandations. What is to be humain being ? Les conversations sont infinies, passionnantes. J’ai l’impression de connaître le monde avec lui, que mes faibles notions de sciences, d’histoire et d’économie prennent du sens. Une logique se construit. Il partage un Posole et un repas chinois. Il écoute et cherche un moyen de transmettre ce message : celui de repenser le monde, de se diriger vers un renouveau, d’apprendre du passé pour reconstruire un avenir durable. La Révolution. Se battre pour une cause qui signifie vraiment quelque chose. Les étudiants portés disparus, le rattrapage de la politique mexicaine et de ses accords avec les Etats-Unis. Se battre. Arrêter de suivre un système qui veut nous contrôler.
Gerardo est alerte, il sait beaucoup de choses. Pourtant reste modeste et me fait sentir à ma place. Il me regarde par-dessus ses lunettes :
« Quelle est la plus grande qualité de l’humain pour ne pas s’enfoncer dans la morosité ? »
—L’imagination.
— Et qui la possède le plus ?
— Les enfants ».
Imagination rules the world.
Pourquoi certains le croient, pourquoi d’autres ne croient rien ?
Se poser des questions c’est la clé pour atteindre la sagesse, la connaissance et la croyance. Merci.


JUIN – RAYA
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Un sourire radieux, toujours là. Elle est diplomate, intelligente. Une yogi girl américaine qui, elle aussi, chercher l’apaisement dans une ville qui vibre trop et ne dort jamais. Nous sympathisons pendant un voyage dans le Connecticut. Elle accepte tous les petits boulots possibles pour remplir son portefeuille, des dîners avec des rancards pour manger de la bonne nourriture gratuitement. Diplômée professeur de yoga après six mois de formation, elle dégage quelque chose de contrôlé et de paisible. On s’endort ensemble pendant les pauses et les visites des musées dans les différentes activités proposées aux handicapés, nous discutons de musique et d’expériences personnelles pendant les trajets. De culture, du corps et de l’esprit.
Raya m’invite dans des soirées où elle connaît du monde, me présente à sa meilleure amie, m’intègre dans un monde de débauche et de paillettes, me paye le Uber pour rentrer. Son maquillage brille sous la lumière du club souterrain. Je ne comprendrais jamais comment ces gens font pour survivre dans une ville pareille. Mais elle semble tenir, semble me comprendre plus que la plupart et c’est pour cela que j’aurais du respect pour elle.
God bless her.
JUILLET – CODY
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Également membre de l’ONG Sprout family, une humanité inexplicablement belle, Cody m’a aidé. C’est lui qui m’entraine en cours de yoga, qui me partage ses réflexions sur ce sentiment de solitude qui me ronge petit à petit. Sa voix est posée, grave et il semble lucide. Il teste des méthodes de travail, est content de l’équipe dans laquelle il travaille et s’amuse beaucoup avec les handicapés. Il passe de temps en temps à l’auberge pour partager un repas du chinois d’en face, une bière, un gâteau d’anniversaire. Il semble avoir compris les mécanismes pour ne plus sombrer dans la mélancolie de cette grosse ville américaine qui possède son fonctionnement propre. La méditation, la pensée positive, constructive, l’associatif. Il boit des jus et des cafés, et rigole de bon cœur avec les autres volontaires, les salariés. Nous transpirons comme des fous dans ce studio de yoga où il fait 37°, et, vidé, après débriefing sur la bienveillance et les effets de cette pratique, chacun rentre chez soi. Aujourd’hui, Cody a changé de voie, et quel que soit l’endroit où il est, je ne pourrais pas l’oublier.


AOÛT – CAROLINA
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Dans l’auberge du Queens, c’est elle qui gère la maison, les déboires de son copain, ses rêves oubliés et les conflits des gens autour d’elle. Mais elle est si drôle, si complice. Française, expatriée, un poisson dans l’eau de l’Amérique. Elle m’accroche un ballon à mon lit le soir de mon anniversaire, une intention qui me touche tellement que j’en développe une grande empathie et amitié pour elle. Elle danse comme une folle sur l’Algerino. Dans le groupe du soir qui fume et boit, seules nous deux comprenons les paroles, et elle se moque bien de son copain, attachant mais maladroit avec la vie. « Va bene ma bella ». Carolina me fait du bien, ici, à ce moment de mes réflexions newyorkaises douloureuses, je me sens acceptée, normale dans cet environnement qui tombe littéralement en ruine. Elle est sensible aux débauches du monde, elle sent la véritable personnalité des gens, le vice de Markus, la connerie des autres, beauté du timide. Elle comprend la vie de voyageur, fait confiance. Rêve de projets, me partage des adresses et me raconte un peu sa vie, les gens qui l’ont aidé et les complexes revirements de situation. Elle m’accueille et m’accepte dans un moment clef de ce voyage, et j’espère vraiment la revoir.