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2.3 Indian Power

  • learngrowlove
  • 29 janv. 2018
  • 7 min de lecture

Dernière mise à jour : 3 mars 2021

Tu ne ressors pas indemne de l’Inde. Tu as forcément appris quelque chose.




On peut dire que j’ai fait mon trou dans le Rajasthan, à Pushkar et à Rishikesh. J’ai compris mes erreurs, appris des choix que les autres m’ont poussé à faire. Je les ai écoutés car ils avaient plus d’expériences. Moi pas. J’ai joué la carte de la sécurité. La prochaine fois, je joue ma propre carte du risque que j’ai déjà si souvent joué, et tout s’est toujours bien passé. La folie est appréciable quand elle reste intelligente. Désormais, j’ai déjà plein d’idées de quoi faire, où, et pourquoi.


J’avais une relation d’amour et de haine avec l’Inde au début. Comment aimer sa population, faire abstraction des choses qui ne sont pas dans ma coutume ? Comment être moi-même sans m’attirer des ennuis ou trop d’attention ? Comment trouver un compromis pour bien s’adapter, à fond dans le respect et dans ma recherche du tout et du rien… ? Ces questions me trottaient dans la tête en permanence. J’avais envie de dormir pour enfin retourner dans mon monde, j’avais la flemme de ressortir dehors, dans le bruit, devant ces regards et parmi ces millions de détails qui fatiguent l’inconscience, tous ces gens qui t’alpaguent sans arrêt…


Pour tous les malentendus dans lesquels pleins d’indiens sont tombés, je ne prétends pas que les garçons de ma génération sont tous des frustrés. J’ai aussi fait pas mal d’erreurs. Et ils gardent un respect correct pour la femme. Mais à la fin j’en pouvais plus de ces discours contradictoires de types qui disent quelque chose et dégagent le contraire. C’est moi ou les gars ont subi un lavage de cerveau intense de Bollywood pendant leur adolescence et leur puberté ?

J’avais une volonté d’acier et je savais ce que je devais faire alors que beaucoup ont essayé de me convaincre du contraire ou d’autre chose. C’est ta volonté, pas la mienne. Alors je fonce dans le sens inverse.


(full power)


La retraite m’a donnée du grade, une force incroyable, un sang-froid.


J’ai rallumé mon téléphone, j’ai quand même croulé sous le point des commentaires et messages de Ketan. Il a même écrit une histoire entière de ce qu’on a vécu ensemble à Rishikesh et ça m’a fait peur tellement je ne me suis pas reconnue devant tous ces superlatifs illusoires. Alors je l’ai appelé et je lui ai dit clairement et franchement qu’il fallait qu’il accepte qu’il était devenu amoureux de moi. Ça n’a l’air pas gentil comme cela, mais le mal qu’il se faisait à se convaincre que je n’étais que ‘sa meilleure amie’, c’était pire. Ketan ne voulait pas retomber dans la douleur de sa dernière et unique rupture…


L’Inde m’a donné une plus grande confiance, qui varie en intensité certes, mais qui reste là, au fond de moi. Je suis contente de vivre l’instant, la journée si jamais. Il y a toujours un petit rien qui réjouit. Ça n’est ni insurmontable, ni agréable de passer des heures à attendre un bus, à marcher sous la pluie, à conduire même si tu ne sens plus tes fesses, à attendre que la personne en face de moi ai fini de me faire la morale, mais ça ne dure pas. Tout est éphémère, tout se termine tôt ou tard... La vie aussi.




L’Inde a réveillé des peurs, des vibrations, des contradictions et a titillé des choses que je n’aimais pas chez moi. L’Inde rend fort, et m’a rendue beaucoup plus directe envers les abuseurs de gentillesse. Après la moto, j’ai dit « merci bien mais je me débrouille très bien toute seule » à tout ce qui barrait ma route : des conseils et des avis par centaines, des têtes de chats de mecs qui voulaient je ne sais quoi, des invitations douteuses.

Je dis Namaste respectueusement et je continue ma route en regardant gentiment dans les yeux le vendeur qui me prie de rentrer dans son magasin.

La sensation d’avoir gagné, d’avoir compris un peu plus l’Inde, son histoire, sa culture, d’arrêter de m’énerver contre les gens (même plus contre les klaxons !!!) parce que je sais qu’il y a une raison très compliquée derrière chacune de leur intention maladroite...

J’offre un thé à la femme appelée ‘intouchable’ par le système, assise sur la pierre froide en face du teashop, un coca ou un chapati à ce type qui me suis depuis 10min, je discute longtemps avec les gens chez qui j’achète du matériel ou des petits souvenirs et je souris à un vieil Hindu enturbanné qui est beau, je passe définitivement beaucoup de temps dans les teashop, n’importe lesquels à même la rue. J’aime ça, c’est tout.


Je comprends d’où peut venir cette source intarissable de connaissance, de bonheur et de positivisme. Ça ne s’arrête jamais. Je suis dans le flow, je sais parler comme il faut, j’ai les arguments pour ne blesser personne et ne pas me rendre malade devant la misère du monde. Elle est là, et devant elle, il faut rester fort pour pouvoir, un jour, faire quelque chose, une goutte dans l’océan, mais rendre quelqu’un de positif. Dire au vendeur de sac : mec, je viens de payer la moitié de ton loyer quotidien, et qu’il te dit une heure plus tard « eh depuis que t’es partie, d’autres clients sont arrivés ! » avec le sourire. Rencontrer ce type, aléatoirement, qui s’appelle Smile. Et chaque instant, chaque rencontre n’est plus une coïncidence. Car je n’attends rien de personne, je n’attends rien de la société, je vis l’instant, le savoure s’il le faut ou le vis tout simplement.




J’avais réservé avant de partir les billets pour Varanasi. Ne plus aller dans le sud, pourquoi ne pas faire un crochet (obligatoire selon une petite voix qui m’a appelé au loin) par cette ville plus que Sainte de Uttar Pradesh.

J’attends un train qui a huit heures de retard, mais c’est pas grave ! Il y a tellement de chose à faire en huit heures. Appeler des gens, dormir sur un banc et ignorer les indiens qui regardent ton sourire d’ange.

Puis je passe 24h allongée, somnoler, regarder un paysage vert, re-somnoler. Les trains couchettes t’offrent une position plus confortable que la position assise, mais ça ne repose pas. C’est pas grave !

Je suis tellement dans ma bulle de bonheur et de recul sur les choses de la vie qui ne procurent pas grand chose à part des soucis, que tout ce qui peut me freiner, je passe outre avec une facilité d’enfant. Quelques heures avant d’arriver, autour de une heure du matin, je remets mes idées en place… À l’arrivée, un type m’aide gentiment à trouver un lit dans mon budget, pour quelques heures. Trop sympa. Les rues ne sont pas glauques mais soi-disant pas si sûres que ça, vides, noires… Je m’effondre quand même de fatigue dans cette chambre silencieuse, même si j’ai passé 24h allongée.

Le lendemain, je prends le pari de laisser mon sac à un momo-man le long d’un Ghat. On verra si je le retrouverai. Et je marche tranquillement, avec mon flow. J’en prends plein la vue… Ces couleurs mon dieu, ces couleurs ! Tout ce que je fais, à chaque minute, je l’apprécie, j’aime l’environnement. Je sens l’endroit comme si j’y avais déjà été. J’ai une sorte d’image dans ce tuktuk quand je sens l’odeur de la ville à une heure du matin, que peut-être, dans ma vie d’avant, je travaillais dans une usine de produits chimiques dans ce coin… Qui sait ?


Je suis frappée par la force de de Varanasi, la présence divine le long des Ghats. Je rencontre des gens, leur parle plus longtemps s’ils peuvent communiquer en anglais… Je me sens si bien…




Une conclusion qui s’harmonise avec ma compréhension du pays, dans cette ville où tout est beaucoup plus sale, plus noir, plus consumé mais paradoxalement, là où le respect, la vie et l’amour n’a jamais été aussi présent. Les corps inertes, habillés pudiquement et couverts de fleurs selon la tradition attendent leur tour de crémation sur le Ghat du même nom, des enfants jouent au cerf-volant (en slip), des gens dorment partout, font sécher leur linge personnel ou celui d’autres pour de l’argent… Il y a tellement de choses à dire, à décrire, mais je n’ai plus de mots face à la pureté et la beauté de chaque seconde que je vis dans cet endroit.

Je parle longtemps avec Ravi sous un soleil écrasant, marche lentement, les mains dans le dos comme une vieille qui profite de sa retraite, me retrouve sur un bateau en pleine sépulture, respire l'ambiance du soir sur une autre barque avec Ravi et un rameur, procède à une purification culturelle sacrée de l’autre côté du Gange, assiste à une magnifique Puja, parle encore avec le momo-man qui a des très bons momos à vendre… Quand il est l’heure de reprendre un train couchette de nuit qui aura encore 6h de retard, je suis sur une marche de magasin fermé à discuter de choses inutiles avec Ravi puisque de tout façon, il sait, je sais, il n’y a plus rien à dire. J’accepte qu’il est quand même trop tôt pour partir, mais que je reviendrai à Varanasi…





Alors j’ai réalisé que c’était la fin de de mon séjour en Inde. Ces bons et surtout ses mauvais côtés vont me manquer… peur que de me retrouver en Europe et de me faire manger par un quotidien superficiel qui ne m’intéresse pas. Mais je reste libre, libre de retourner où d’aller là où il y a le changement, si rien ne va plus.




Petit bilan



Je suis triste de partir, maintenant que j’ai compris les codes de conduites, les usages et expressions des indiens, ce qui se cache derrière leur sourire ou leur regard… Si j’étais restée, j’aurais suivi le Gange, fini à Calcutta ou limite Darjeeling… La prochaine fois :-)

Tout reste énigmatique, mais tout est intéressant et extrêmement passionnant à regarder, à explorer. J’ai pris risques sur risques (au niveau de ma sécurité, du matériel que je transporte, de ma santé) pour au final me rendre compte bêtement que les indiens sont des gens comme les autres et que oui, on peut leur faire confiance. Ils savent où te diriger pour ne pas que ton estomac fragile se retourne, ils te parlent d’humain à humain, langage qui suit ou pas, ils te sourient comme personne. Ils boivent des chais comme des pros, avec le petit ‘slurp’ qui rythme leur lecture du journal local.

Ils prennent leur temps, et vivent le moment, bon ou mauvais.


Même si mes sentiments désormais sont redevenus un peu plus normaux par rapport à la réaction à chaud de Vipassana, je continue à embrasser cette philosophie de vie : à ne pas faire très attention aux broutilles inutiles, à me détacher du matériel et à réduire mes possessions pour avoir moins à penser, à vivre ce moment qui parfois, à chaque changement de pays, me redirige tout droit à la case départ (aka, faire son trou). Tout est ok, tout passe, tout s’arrange avec le temps et l'observation. Il y a toujours ces personnes avec qui une soirée te soulage parce qu’il ou elle sait la même chose que toi. J’appelle ça le sentiment rassurant de tmts (toi-même tu sais).

Sans méditation, je comprends qu’il est difficile de maintenir un cap certain de bonheur, les hauts et les bas sont plus laborieux à équilibrer… Mais tout contrôler peut faire peur, alors je laisse couler.


Je retournerai en Inde en solo, pas forcément dans le sud où les plages attirent le monde, n’importe où anyway.


Je vous aime !

À très vite.













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About me

Après une prise de conscience, j'ai pris 365 jours exactement. De vacances? De recherches? Moi je vois ce temps comme une retraite géante. Le voyageur est sûr d'obtenir ce qu'il veut selon ses attentes. Je ne sais pas ce que je cherche, je sais simplement que je trouverai avec toujours cette motivation en tête : tout est possible et absolument personne ne pourra me freiner dans mes projets, ni la peur, ni les dangers. 

Je voyage entre l'étude des religions, l'approfondissement de ma spiritualité, de la connaissance des cultures. Un gros morceau de mon voyage : les gens, les rencontres, bouleversantes ou simplement éducatives.

J'utilise le sourire qui est un code de langage international. 

Ce blog est un exercice d'écriture pour moi, et un carnet de voyage pour vous.

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