
En Inde, j’ai été consciente de la présence religieuse omniprésente, du minimalisme mais en même temps de la surconsommation destructive, du ‘végétarianisme’, de la place de mes parents dans mon cœur, de l’hyper flexibilité que j’adore, de la saleté et donc de mon système immunitaire, etc.
Tous ces thèmes rentrent dans la philosophie de vie bouddhiste. On y pense ou pas, on fait abstraction ou pas. Voilà la manière dont je les prends, dans mon quotidien, manière de faire, de penser, de m’exprimer, d’agir.
Régime.
Devenir végétarien par exemple. Les gens le défendent, s’y opposent. Vision dualiste. On s’en fiche pas mal au final, il n’y a rien à dire car c’est une décision personnelle et tout monde devrait rester indifférent aux décisions de l’autre. La sensibilité et la prise de conscience, des pourquois et d’autres questions, tout cela reste néanmoins sur la table d’étude car c’est tout aussi inutile de fermer les yeux sur le débat existant. Un groupe s’est soulevé pour une raison, vraie ou absurde, mais il génère des voix, des adeptes, des soldats.
Pour moi, c’est une question de spiritualité évidente. Pour d’autres, parce que le groupe sanguin a destiné à le devenir. Pour d’autres encore, c’est une question d’écologie, de protection de la faune, de goût…
Il n’a jamais une seule solution. Le monde est fait de cette manière qu’il y aura une infinité de tout qui forme l’unicité.
Une infinité d’explications pour une infinité de sujets.
Une infinité de choix, de refus et de renouveaux ;
Une infinité de manière pour retomber sur ses pattes…
Et donc une perspective 100% personnelle ! (C’est ce qui rend l’humain unique et différencie les moutons des personnalités insolites).
Alors rester ouvert aux croyances de l’autre, demander ‘pourquoi’ au lieu de juger d’entrée de jeu, ou de dire ‘c’est nul’, le faire sincèrement et pas en surface, c’est un début. La vision manichéenne est destructrice et ne fait que séparer les potentielles unions juste à cause d’une idée immatérielle : le jugement, la comparaison, la dualité. C’est contre ça que Bouddha a lutté et a aidé les autres à lutter. J’ai toujours détesté la compétition, le monopole, les notes, l’efficacité numérique et je sais désormais pourquoi.
Tout est unique et à la fois tout est infini.

Religion
Peu importe de savoir si l’enfer ou le paradis sont sur terre ou dans des vies dont nous n’avons pas accès, s’il faut boire une soupe pour oublier notre vie et accéder à la réincarnation, si Krishna a effectivement créé l’univers avec Parvati, ou si c’est plutôt Allah. Au Cambodge, j’ai trouvé un livre pertinent qui m’a sorti d’une période de doutes. Le Livre dit que Baha’u’llah, une sorte de messager et le dernier de notre génération, après Krishna, Moïse, Zoroaster, Buddha, Christ, Mohamed et le Báb, rassemblent des adeptes cachés dans le monde entier (le Temps Lotus à Delhi est un des lieux de culte). C’est la foi Baha’i. But : voir les religions du monde comme un tout, une suite chronologie que diverses cultures ont façonné en fonction de leur mode de vie. Les religions ne devraient pas se distancer comme elles le font –malheureusement-, mais plutôt développer la bienséance et la bienveillance des Hommes avec les Hommes. La puissance divine se réveille avec l’amour, pas la haine. La règle d’or est commune au monde entier, c’est l’éthique de réciprocité.
« Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse »
Il n’importe de savoir concrètement ce qu’il y a ‘avant’ ou ‘après’. Car avant toutes ces questions et réflexions, ce qui importe, c’est de reconnaître sincèrement l’humanité en tant qu’une unique et même population, cela à chaque seconde : sur le moment. Notre maison, c’est la planète terre.
Il importe de s’entourer de sincérité, de bienveillance, de servir de bras à un handicapé moteur ou de GPS à un perdu, quand eux nous passent leur sourire, un Bounty ou une énorme quantité d’amour.
Il importe de reconnaître l’utile du superficiel, la simplicité du matérialisme, la nature sensible du béton impassible. Respecter la nature…
Il importe de reconnaître que l’on n’a pas toujours raison, que l’on ne peut pas tout savoir, tout sentir, connaître tout le monde, qu’être faible et fatigué c’est humain, ou qu’être excité à l’approche d’une bonne nouvelle, c’est gratifiant.
Il y a de belles confusions au sujet du bouddhisme (en termes de manière de vivre, pas de religion). C’est une philosophie simple qui va au-delà des émotions de normes. Par l’Eveil, la connaissance de soi et l’ouverture, c’est admettre que l’on ne sait définitivement rien quand il s’agit de se mettre à la place des autres. Par contre apprendre à se connaître, oui mille fois. Bannir les pensées dualistes, s’ouvrir à l’imaginaire, la folie, l’acceptation. C’est un retour à la modestie, à la simplicité, à l’humilité.

Souffrance
Une injustice, une excitation extrême qui retombe subitement, une solitude destructrice, une dépression profonde, un ‘non’ sec, un travail trop difficile voire impossible, une chute, une impasse impossible à éviter, une épreuve, la mort… La souffrance est partout et elle n’a jamais disparue. Si on ne lui donne jamais raison, si on n’accepte pas qu’elle est vraiment là, on lui ouvre la porte, on lui donne de l’importance. Elle s’installe, reste, et commande des pizzas à notre place parce qu’on n’ose pas la déranger. On l’évite de toutes manières possibles parce que c’est vraiment délicat et qu’il nous manque quelque chose pour la virer dehors (créativité, courage, finance, soutien). C’est normal. La faire partir, c’est reconnaître qu’elle est là et trouver des raisons, parfois à contrecœur, pour comprendre comment elle a fini par venir et s’installer de l’extérieur comme de l’intérieur.
Alors, au plus profond du désespoir, alors qu’on est convaincu qu’une échappée est vaine, il est possible d’inventer quelque chose de nouveau, de fou, pour agir à vent contraire. Trouver une raison à sa souffrance, c’est devoir se faire souffrir davantage pendant un temps, c’est devoir admettre beaucoup de contraires à nos croyances, notre éducation, à l’influence qui nous a construit.
La patience est la seule qualité la plus difficile à acquérir pour admettre sa souffrance, au plus profond. Ça peut être n’importe quoi : un harcèlement, un complexe, une rupture, un choc terrible…
Et il n’y jamais un problème unique. Nous ne sommes pas tout seul à ressentir ces millions de choses qui nous écarte de notre entourage. Des centaines d’inconnus subissent des expériences similaires chaque jour, seulement ils ne se connaissent pas. Les réseaux sociaux et tout un tas d’options existent pour aller les rencontrer, oser.
Une fois que l’on s’est mis d’accord, qu’on a compris pourquoi la souffrance est là (et ce n’est ni uniquement la faute des autres, ni notre faute propre, c’est un mélange de tout), qu’on a trouvé une raison qui explique pourquoi notre équilibre s’est détruit subitement ou au fil du temps, qu’on a pris un peu de recul sur l’événement malheureux et que l’on est retourné à la case départ pour trouver des solutions, des vraies, des alternatives de renouveaux, une voie pour rejoindre le cercle vertueux, c’est le début de la voie.
C’est un courage immense, respectable.
Cette façon de penser améliore l’équilibre, le jugement en dualité, la patience. Elle guérit certaines blessures. Elle évite certains conflits, accès de colère, rassure puis motive… fait aussi énormément douter face à l’ampleur des risques possibles à prendre. C’est tellement émouvant de parler avec des gens qui se sont relevés ou qui luttent…

Le temps
S'accorder de prendre du temps pour se (re)poser et redémarrer à nouveau. Arrêter de se forcer jusqu'à ronger la corde par deux bouts effilochés. Prendre du temps sans se dire qu'on le perd. Ça n'est pas le dicton "reculer pour mieux avancer" non, c'est reconnaître que l'on en a besoin. S'écouter pour garder l'équilibre qui nous convient et rester indifférent si notre voisin nous trouve flemmard, parce que lui suit une autre forme d'équilibre.
De cette façon de prendre le temps, de faire les choses mieux, activement, durablement, on sourit plus, on savoure la satisfaction, on pardonne au refus ou aux échecs, on se redresse plus rapidement. On s'écoute. On accepte. C'est tout.
Être égoïste pour faire durer l'altruisme.
Hyper puissant.
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